Le club d’astronomie s’est fixé cette fois-ci pour objectif de récolter la lumière en provenance d’un objet du ciel profond, une galaxie située à près de 12 millions d’années-lumière. La fameuse galaxie de Bode, du nom de son découvreur, située dans la constellation de la Grande Ourse.
Quelques mots sur cette galaxie remarquable.
Les astronomes ont de tout temps répertorié les objets célestes dans des catalogues astronomiques et ce depuis l’Antiquité. Le tout premier à avoir recensé les étoiles de la voûte céleste fut l’astronome grec Hipparque au IIème siècle avant J-C. Puis au XVIIIème siècle, l’astronome Messier catalogua les objets d’aspect diffus (galaxies, nébuleuses ...) de nature alors inconnue pour ne pas les confondre aux comètes, il en référença alors 110 au total. L’objet classé n°81 dans le catalogue de Messier, donc nomenclaturé M 81, est donc la galaxie spirale découverte par l’astronome allemand Bode... Autre dénomination de cette galaxie NGC 3031, elle renvoie
quant à elle au célèbre catalogue astronomique le « New General Catalogue ». La distance de 12 millions d’années-lumière signifie que lumière en provenance de cette galaxie ou si l’on préfère les photons recueillis sur le capteur de l’appareil photographique ont voyagé pendant 12 millions d’années, autrement dit bien avant l’existence du plus lointain ancêtre de l’homme sur notre planète !
La photographie a été prise le jeudi 06 avril au crépuscule nautique, soit un peu plus tard que le coucher du Soleil en raison du Ramadan. Elle a réuni 13 élèves du niveau troisième, avec toujours le même enthousiasme qu’en début d’année scolaire.
Sans entrer dans les détails, cette photographie n’est pas une pose de durée quasi-instantanée de la galaxie sinon elle se réduirait ni plus ni moins qu’à une photo noire ou à une absence de lumière sur le capteur. En effet, dans notre vie quotidienne, pour photographier une scène en pleine journée, le capteur d’un appareil photo est illuminé seulement durant une fraction de seconde, durée amplement suffisante pour former une image de la scène. Mais pour espérer photographier un objet du ciel profond, il faudra poser pendant de longues minutes, voire pendant plusieurs heures afin de pouvoir en révéler les nébulosités sur l’image objective.
Nous avons donc décidé de réaliser une pose longue de 60 minutes, comprenant 60 poses brutes individuelles de 1 min.
Pourquoi avoir fractionné la pose totale ?
Pour la simple raison que le télescope est guidé mais qu’il ne dispose pas de l’autoguidage sur une étoile, mécanisme permettant de suivre au mieux le mouvement sidéral. Nous obtiendrions des filés d’étoiles sur des poses excédant 2 min, l’autoguidage permettant de monter jusqu’à 5 min et de diminuer ainsi le nombre total de poses individuelles.
La suite du travail s’est déroulée le vendredi 14 avril de 15 h à 17 h au laboratoire de physique (photos labo de 1 à 4). A cet effet, l’établissement nous a installé une borne wifi afin que les élèves équipés de leur propre PC portable puisse effectuer le prétraitement astronomique sous le logiciel libre Siril.
En quoi consiste le prétraitement astronomique ?
Nous en reparlerons plus en détail dans un prochain article dédié à ce sujet, mais pour en mesurer l’importance il suffit de comparer visuellement les deux photos obtenues de la galaxie M 81. La photo n°1 est une photo brutd’une pose de 60 secondes sans prétraitement, alors que la photo n°2 correspond à une pose longue de 60 min après empilement des poses individuelles et prétraitement sous Siril.
Je pense que la nuit fut très courte pour M. Bode ce jour-là,car durant cette même nuit il découvrit également une autre galaxie très proche de M 81 : sa soeur M 82...